Chaque mois, la facture d’électricité de votre TPE affiche un montant qui semble incompressible. Entre les lignes tarifaires opaques, les acronymes techniques et les hausses successives, impossible de savoir précisément ce que vous payez réellement. Le triphasé, souvent présenté comme une nécessité pour les professionnels, cache une réalité bien plus nuancée.

La complexité des tarifs énergétiques n’est pas une fatalité. En comprenant la mécanique exacte de votre abonnement, vous découvrirez que les postes de coûts se répartissent entre l’abonnement fixe, l’acheminement via le réseau, la fourniture d’énergie et une cascade de taxes. Chacun de ces éléments répond à des logiques différentes, et leur simple addition ne reflète pas toujours votre consommation réelle. Pour mieux comprendre ces mécanismes tarifaires complexes, opera-energie.com propose un décryptage détaillé des offres triphasées.

Cet article vous guide du décryptage de votre facture réelle aux leviers d’optimisation concrets, puis à l’arbitrage stratégique sur la pertinence même du triphasé pour votre activité. L’objectif : transformer cette charge subie en variable maîtrisable.

Facture triphasé TPE : l’essentiel à retenir

Votre abonnement triphasé se compose de quatre postes principaux : l’abonnement fixe selon la puissance souscrite, le TURPE (acheminement sur le réseau), le prix de l’énergie consommée, et les taxes (CTA, Accise, TVA). La facture moyenne pour une TPE atteint 245€/MWh en 2025, mais ce chiffre masque des disparités importantes selon le profil de consommation.

  • Le TURPE et la CTA représentent jusqu’à 40% de votre facture totale
  • 30 à 40% des TPE souscrivent une puissance surdimensionnée de 20%
  • Le coût réel au kWh intègre tous les postes fixes et variables répartis sur votre consommation annuelle
  • Des économies de 15 à 20% sont possibles par optimisation ciblée selon votre secteur

Ce que votre facture triphasé vous fait vraiment payer

Ouvrez votre dernière facture électrique. Au-delà du montant total qui capte immédiatement l’attention, une succession de lignes tarifaires décompose le coût en plusieurs postes distincts. Cette anatomie révèle trois composantes majeures qui structurent l’intégralité de vos charges énergétiques.

La première composante, l’abonnement, constitue le socle fixe de votre facture. Elle dépend exclusivement de la puissance souscrite exprimée en kVA, indépendamment de votre consommation réelle. Une TPE dotée d’un compteur 18 kVA paie ainsi environ 365€ HT par an rien que pour disposer de cette capacité, qu’elle l’utilise pleinement ou non.

La deuxième strate, l’acheminement, correspond au TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité). Ce poste finance le transport de l’électricité depuis les centrales de production jusqu’à votre local. Il se scinde en une part fixe proportionnelle à votre puissance souscrite et une part variable indexée sur vos kWh consommés. En 2025, les TPE de 0,02 à 0,5 GWh paient en moyenne 245€/MWh, un niveau qui intègre tous ces postes.

La troisième composante regroupe les taxes et contributions, dont le poids est souvent sous-estimé. La CTA (Contribution Tarifaire d’Acheminement) se calcule sur la part fixe du TURPE, l’Accise sur l’électricité s’applique à chaque kWh consommé, et la TVA vient majorer l’ensemble. Ces trois prélèvements peuvent représenter jusqu’à 35% du montant total pour une TPE standard.

Les mécanismes de taxation méritent une attention particulière. La CTA ne fluctue pas selon votre activité saisonnière ou vos efforts de sobriété énergétique. Comme le précise la Commission de Régulation de l’Énergie, elle se calcule uniquement sur l’abonnement réseau, créant ainsi une charge incompressible indépendante de vos pratiques de consommation.

La CTA ne dépend pas de votre consommation d’énergie. Elle est calculée sur la part fixe des tarifs d’acheminement

– Commission de Régulation de l’Énergie, Guide CRE 2025

Pour visualiser concrètement ces mécanismes, voici la décomposition des taxes telles qu’elles s’appliquent sur une facture triphasée standard en 2025.

Taxe Taux 2025 Base de calcul
CTA 21,93% Part fixe TURPE
Accise 29,98€/MWh Consommation
TVA 20% Ensemble

Au-delà de ces postes récurrents, certains frais annexes apparaissent ponctuellement sur les factures. Les dépassements de puissance souscrite déclenchent des pénalités automatiques. La mise en service d’un nouveau compteur, la relève exceptionnelle ou la modification de la puissance souscrite génèrent des frais administratifs et techniques facturés séparément. Ces coûts, bien que moins fréquents, peuvent peser lourdement lorsqu’ils se cumulent.

La différence entre kVA souscrit et kW réellement consommé constitue un point d’incompréhension majeur. Le kVA représente la puissance maximale que vous pouvez appeler instantanément, tandis que le kW mesure la puissance active effectivement utilisée. Si votre installation présente un facteur de puissance dégradé (cos phi inférieur à 0,93), vous payez pour une capacité supérieure à votre consommation réelle. Cette distorsion se traduit directement par un abonnement plus élevé que nécessaire.

Les surcoûts invisibles qui pèsent sur votre abonnement

Certains coûts ne figurent pas explicitement sur votre facture, mais gonflent silencieusement votre charge annuelle. Ces surcoûts structurels résultent de décalages entre votre contrat et votre profil réel de consommation. Identifier ces zones d’inefficience permet de dégager des marges d’économie substantielles.

Le surdimensionnement de la puissance souscrite représente le premier poste de gaspillage. Lors de l’installation du compteur, la puissance est souvent calibrée en anticipant un développement de l’activité ou en intégrant une marge de sécurité excessive. Résultat : 30 à 40% des TPE souscrivent une puissance supérieure de 20% à leur besoin maximum réel. Pour un abonnement 18 kVA alors qu’un 12 kVA suffirait, le surcoût annuel atteint environ 70€ HT, auxquels s’ajoute la CTA correspondante.

Les pénalités de dépassement constituent le revers de la médaille. Lorsque votre consommation instantanée excède ponctuellement la puissance souscrite, le compteur Linky enregistre ces pics et génère une facturation majorée. Pour une TPE qui démarre simultanément plusieurs machines en début de journée sans avoir analysé cette séquence critique, les dépassements récurrents peuvent représenter plusieurs centaines d’euros annuels. L’optimisation consiste à décaler ces usages ou à ajuster précisément la puissance souscrite.

L’inertie contractuelle coûte cher. Les contrats d’électricité professionnels évoluent chaque année, avec des écarts de prix significatifs entre fournisseurs et entre nouvelles offres. Une TPE qui conserve son contrat initial sans renégociation depuis trois ans ou plus paie généralement 10 à 15% de plus que les tarifs actuels du marché. En 2024, l’écart tarifaire structurel entre segments de clientèle illustre cette réalité.

D’après les données du ministère, un écart de 158€/MWh sépare les TPE des grandes entreprises pour la même énergie consommée, reflétant notamment le poids des coûts fixes répartis sur des volumes plus faibles et l’absence de pouvoir de négociation individuel.

Les options tarifaires inadaptées créent des surcoûts silencieux. L’option heures pleines/heures creuses propose un tarif réduit la nuit et le week-end, mais majore le prix en journée. Pour une TPE dont 90% de la consommation se concentre en heures pleines (commerce, bureau), cette option dégrade la facture globale de 5 à 8%. À l’inverse, une boulangerie qui fait tourner ses fours entre 4h et 7h du matin sans avoir souscrit l’option HP/HC laisse échapper une économie potentielle de 15 à 20% sur ce poste.

Le secteur du bâtiment illustre concrètement l’impact cumulé de ces surcoûts invisibles.

Impact des hausses tarifaires sur les TPE du BTP

Le secteur du BTP témoigne d’une augmentation de 8,6% à 9,8% des tarifs en 2024, avec un impact particulier pour les TPE qui subissent des pénalités de dépassement récurrentes faute d’optimisation de leur puissance souscrite.

Pour éviter ces écueils, une méthodologie de contrôle systématique s’impose. Voici les points de vérification prioritaires pour identifier les surcoûts cachés dans votre abonnement actuel.

Points de contrôle pour identifier les surcoûts cachés

  1. Vérifier la cohérence entre puissance souscrite et puissance maximale atteinte
  2. Analyser la répartition des consommations HP/HC réelles vs option tarifaire
  3. Contrôler l’évolution du coefficient cos phi et l’énergie réactive facturée
  4. Identifier les frais de relève et services annexes non justifiés

Votre coût réel au kWh : le calcul que personne ne fait

Les fournisseurs d’énergie communiquent un prix au kWh qui figure en bonne place dans leurs offres commerciales. Ce chiffre, bien qu’exact, ne reflète qu’une fraction de ce que vous payez réellement. Le coût complet intègre l’abonnement, l’acheminement, les taxes et la fourniture, le tout ramené à votre consommation annuelle effective.

La formule de calcul du coût réel au kWh se décompose ainsi : (Abonnement annuel HT + Total acheminement annuel HT + Total fourniture annuelle HT + Total taxes annuelles) divisé par le nombre de kWh consommés sur l’année. Cette équation simple révèle des écarts spectaculaires entre le prix affiché et le prix réellement payé.

Prenons deux profils types de TPE pour illustrer cette distorsion. Une petite TPE de services consommant 15 000 kWh par an avec un abonnement 12 kVA paie environ 292€ HT d’abonnement, auxquels s’ajoutent 600€ de TURPE, 2 100€ de fourniture au tarif moyen 2025, et 900€ de taxes. Total : 3 892€ HT pour 15 000 kWh, soit un coût réel de 0,259€/kWh alors que le prix affiché de la fourniture seule affiche 0,14€/kWh.

Main de professionnel utilisant une calculatrice dans un environnement de bureau

Pour une TPE plus consommatrice atteignant 50 000 kWh annuels avec un abonnement 18 kVA, le calcul change radicalement. Abonnement à 365€ HT, TURPE de 1 800€, fourniture de 7 000€, taxes de 2 835€. Total : 12 000€ HT pour 50 000 kWh, soit 0,24€/kWh réel. Le coût unitaire diminue car les charges fixes se diluent sur un volume plus important. Cette mécanique explique pourquoi les gros consommateurs bénéficient structurellement d’un avantage tarifaire.

L’évolution récente des prix moyens montre l’impact des dispositifs de soutien gouvernementaux et des fluctuations du marché de gros. Le tableau suivant retrace cette trajectoire sur trois ans.

Période Coût moyen TPE Avec aides
2023 350€/MWh 280€/MWh
2024 287€/MWh 250€/MWh
2025 245€/MWh N/A

Les dispositifs d’aide ont joué un rôle d’amortisseur significatif durant la crise énergétique de 2023-2024. Le mécanisme permettait de plafonner le prix facturé au-delà d’un certain seuil.

Si une entreprise a un prix unitaire de la part énergie de 350€/MWh, l’amortisseur électricité prend en charge environ 20% de la facture totale

– Direction Générale des Entreprises, Guide des aides énergie 2024

En 2025, la fin programmée de certains dispositifs d’aide replace les TPE face à la réalité du marché. Le bouclier tarifaire renforcé pour les très petites entreprises de moins de 36 kVA maintient toutefois un filet de sécurité. Selon les analyses sectorielles, le plafond garanti s’établit à 280€/MWh pour les TPE éligibles, préservant partiellement leur compétitivité énergétique.

Le seuil de rentabilité du triphasé face au monophasé se calcule également avec cette méthode du coût réel. Un compteur monophasé plafonné à 12 kVA coûte environ 20 à 25€ HT de moins par an qu’un triphasé de puissance équivalente. Sur une consommation de 20 000 kWh annuels, cet écart d’abonnement représente 0,001€/kWh supplémentaire. Si votre activité ne nécessite aucune machine triphasée supérieure à 5 kW et que vos pics de consommation restent modérés, le maintien en triphasé constitue un surcoût évitable.

Cette approche du coût réel transforme radicalement la comparaison entre fournisseurs. Un écart de 2€/MWh sur le prix de la fourniture brute peut sembler déterminant. Mais si l’offre A propose 140€/MWh de fourniture avec 15€/mois d’abonnement et l’offre B 142€/MWh avec 12€/mois d’abonnement, le calcul complet sur 30 000 kWh annuels révèle que l’offre B est finalement plus avantageuse de 24€ par an. Seul le coût réel total permet cet arbitrage objectif.

Les leviers d’optimisation adaptés à votre secteur d’activité

Les conseils génériques d’économie d’énergie négligent une réalité essentielle : chaque secteur d’activité présente un profil de consommation spécifique qui appelle des leviers d’optimisation différenciés. Une boulangerie, un garage automobile et un cabinet de services ne consomment ni aux mêmes horaires, ni avec les mêmes équipements, ni selon les mêmes cycles saisonniers.

Pour les artisans du bâtiment, de la menuiserie ou de la mécanique, la consommation se concentre sur les machines-outils et l’éclairage des ateliers. Le premier levier consiste à cartographier précisément la puissance appelée par chaque équipement et à vérifier que la puissance souscrite correspond au cumul des machines utilisées simultanément, et non à leur somme théorique maximale. Un menuisier équipé d’une raboteuse de 4 kW, d’une scie circulaire de 3 kW et d’une aspiration de 2,5 kW n’a besoin que de 9 à 12 kVA s’il n’actionne jamais ces trois machines en même temps.

Le deuxième levier pour ce profil porte sur le décalage des usages intensifs. Si votre contrat intègre l’option heures creuses, programmer le chauffage des locaux, la charge des batteries d’outillage et certaines opérations moins urgentes en période creuse génère une économie directe de 15 à 20% sur ces postes. Cette optimisation nécessite une discipline d’organisation mais ne requiert aucun investissement.

Pour les commerces de proximité comme les boulangeries, pressings ou fleuristes, la structure de consommation diffère radicalement. L’éclairage de vitrine, le froid commercial et les équipements de production représentent l’essentiel des charges. Les fours de boulangerie consomment massivement entre 4h et 8h du matin, en pleine période heures creuses dans la plupart des zones tarifaires. Adapter l’option tarifaire et renégocier la puissance souscrite en fonction du cycle réel d’utilisation des fours constitue le levier prioritaire.

Le tableau suivant synthétise les consommations moyennes constatées et les leviers principaux par type d’activité commerciale.

Secteur Conso moyenne/an Levier principal
Boulangerie 57 MWh Décalage heures creuses
Restaurant 54 MWh Optimisation froid
Commerce 30 MWh LED + régulation

Pour les activités de restauration, la gestion des pics de consommation pendant les services constitue l’enjeu central. La cuisine professionnelle cumule fours, plaques de cuisson, chambres froides et hottes aspirantes dont le fonctionnement simultané crée des appels de puissance importants. L’équilibrage correct des phases sur un compteur triphasé évite les déséquilibres qui déclenchent des dépassements de puissance même lorsque la consommation globale reste théoriquement dans les limites du contrat.

Les TPE de services et les bureaux présentent un profil de consommation moins intensif en puissance mais plus étalé dans la durée. L’informatique, l’éclairage et la climatisation dominent. Pour ce segment, une évaluation sérieuse de la pertinence du triphasé s’impose. Si aucun équipement ne nécessite spécifiquement du courant triphasé et que la puissance totale reste inférieure à 12 kVA, un passage en monophasé générerait une économie annuelle estimée entre 50 et 150€ selon la configuration exacte.

Les spécialistes du courtage énergétique confirment cette approche différenciée.

Dans certains cas, il faudra diminuer la puissance du compteur tout en évitant les dépassements, ou revoir votre Version d’Utilisation

– ATOO Énergie, Guide TPE 2025

Au-delà de ces ajustements contractuels, une série d’actions techniques permettent de réduire la consommation brute indépendamment du tarif souscrit. Voici la séquence d’intervention optimale pour maximiser le retour sur investissement.

Actions prioritaires pour optimiser sa facture

  1. Réaliser un audit de consommation pour identifier les pics
  2. Décaler les usages intensifs en heures creuses (économie de 15-20%)
  3. Remplacer l’éclairage par des LED (économie de 20-30%)
  4. Optimiser la température : 19°C en hiver, 25°C en été (7% par degré)

Le remplacement de l’éclairage traditionnel par des LED constitue l’investissement le plus rentable à court terme. Pour une TPE disposant de 50 m² de surface avec 20 tubes fluorescents fonctionnant 10h par jour, le passage en LED représente un investissement d’environ 400€ pour une économie annuelle de 250 à 300€, soit un retour sur investissement en 16 à 18 mois. L’impact est encore plus favorable pour les commerces avec vitrine éclairée en continu.

La régulation thermique offre le deuxième gisement d’économie le plus accessible. Chaque degré de chauffage supplémentaire en hiver augmente la facture de 7%. Installer un thermostat programmable permettant d’abaisser automatiquement la température de 3°C la nuit et le week-end génère une réduction de 15 à 20% sur le poste chauffage sans altération du confort en période d’activité. Pour une TPE dont le chauffage électrique représente 40% de la consommation hivernale, l’économie annuelle atteint 6 à 8%.

L’optimisation globale d’une TPE combine ces différents leviers selon une logique de priorisation. Les analyses institutionnelles confirment le potentiel d’économie lorsque ces actions sont déployées de manière cohérente. D’après les estimations officielles, jusqu’à 20% d’économie sont atteignables par une approche systématique croisant ajustements contractuels, investissements techniques ciblés et modification des comportements d’usage. Ce potentiel se concrétise dans un délai de 18 à 24 mois pour une TPE qui active simultanément les trois catégories de leviers, notamment en suivant les recommandations pour choisir son contrat électrique professionnel de manière éclairée.

Quand le triphasé devient un surcoût plutôt qu’un avantage

Le triphasé bénéficie d’une image de norme professionnelle. Cette perception masque une réalité moins univoque : pour une part significative des TPE, le maintien d’un compteur triphasé constitue un surcoût structurel sans contrepartie fonctionnelle. Remettre en question cette configuration nécessite d’analyser objectivement les besoins réels de votre installation.

Trois signaux d’alerte doivent déclencher une réévaluation de la pertinence du triphasé pour votre activité. Premier indicateur : une consommation annuelle inférieure à 20 000 kWh combinée à une puissance souscrite de 12 kVA ou moins. À ce niveau, les différences tarifaires entre mono et triphasé deviennent négligeables en valeur absolue, mais le monophasé offre généralement une légère économie d’abonnement.

Deuxième signal : l’absence totale de machine nécessitant du courant triphasé. Si votre parc d’équipements se limite à de l’informatique, de l’éclairage, du petit électroménager professionnel et éventuellement une climatisation monophasée, le triphasé n’apporte aucune valeur technique. Votre installation fonctionne sur une seule phase du compteur, laissant les deux autres sous-utilisées.

Troisième indicateur : l’absence de pics de puissance significatifs. Si votre courbe de charge reste relativement plate tout au long de la journée, sans appel brutal de plusieurs kilowatts en simultané, la répartition de charge permise par le triphasé ne présente aucun intérêt opérationnel. Les analyses techniques confirment ce seuil.

Selon les données sectorielles, 9 kVA en triphasé suffisent pour un commerce ou des locaux importants, mais cette puissance peut tout aussi bien être délivrée en monophasé pour une TPE sans équipement lourd, moyennant un léger ajustement de la répartition des circuits électriques.

Le différentiel de coût entre monophasé et triphasé varie selon la puissance souscrite. Pour les puissances faibles, l’écart d’abonnement reste marginal, mais il s’accentue au-delà de 12 kVA. Le tableau suivant compare les abonnements annuels selon la configuration choisie.

Puissance Abo monophasé/an Abo triphasé/an Écart
9 kVA 219€ HT 219€ HT 0€
12 kVA N/A 292€ HT +73€
18 kVA N/A 365€ HT +146€

Le coût et la complexité d’un changement de triphasé vers monophasé constituent un frein légitime. La démarche nécessite d’abord une demande formelle auprès de votre fournisseur d’énergie, qui transmet à Enedis. Un technicien intervient ensuite pour vérifier la compatibilité de votre installation électrique interne avec un fonctionnement monophasé. Si votre tableau électrique actuel répartit les circuits sur les trois phases, une modification par un électricien qualifié s’impose pour regrouper l’ensemble sur une phase unique.

Le coût technique de cette opération varie entre 200 et 600€ selon la complexité du tableau électrique et la distance du compteur. Enedis facture par ailleurs des frais d’intervention d’environ 50€ pour le changement de compteur ou sa reconfiguration. Le délai moyen s’étend de 15 jours à un mois entre la demande et la réalisation effective. La période optimale pour engager ce changement se situe durant les mois de faible activité, afin de minimiser l’impact d’une éventuelle coupure de quelques heures le jour de l’intervention.

Plusieurs TPE du secteur tertiaire ont franchi le pas avec des résultats tangibles.

Retour d’expérience : passage au monophasé dans le tertiaire

Une TPE du secteur tertiaire a réduit sa facture de 15% en passant d’un compteur triphasé 18 kVA à un monophasé 9 kVA après analyse de ses besoins réels, sans impact sur son activité.

Cette économie de 15% combine plusieurs effets : réduction de la puissance souscrite de 18 à 9 kVA (gain d’abonnement direct), suppression des frais liés au déséquilibre de phases, et optimisation globale du contrat lors de la renégociation. Le retour sur investissement de l’opération, coût de changement inclus, s’est établi à 8 mois pour cette entreprise.

Les erreurs à éviter lors de ce type de transition sont identifiées. Ne jamais réduire la puissance sans avoir analysé sur 12 mois les pics de consommation réels pour éviter les dépassements ultérieurs. Ne pas négliger la vérification de la compatibilité des équipements : certains appareils anciens mentionnent explicitement « triphasé » sur leur plaque signalétique et ne peuvent fonctionner en monophasé. Enfin, anticiper l’évolution de votre activité : si un projet d’acquisition d’une machine triphasée se profile à moyen terme, le passage en monophasé nécessitera un nouveau changement coûteux.

L’arbitrage entre maintien du triphasé et bascule vers le monophasé relève d’une décision stratégique qui doit intégrer le coût complet sur trois à cinq ans. Les experts de la transition énergétique soulignent la dimension globale de cette optimisation.

Une bonne gestion permet non seulement de réaliser des économies financières, mais aussi de contribuer à la transition énergétique

– Lab Énergies, Guide optimisation 2025

Cette vision élargie replace la question du triphasé dans un cadre plus vaste. Maîtriser son coût énergétique ne se limite pas à choisir entre mono et triphasé, mais suppose une approche systématique croisant contrat, infrastructure et usage. Pour explorer toutes les options disponibles et identifier celle qui correspond précisément à votre profil, vous pouvez comparez les tarifs d’énergie via des outils spécialisés qui intègrent l’ensemble des paramètres tarifaires.

À retenir

  • Votre facture triphasé se décompose en quatre blocs : abonnement fixe, TURPE, fourniture et taxes représentant jusqu’à 35% du total
  • Le coût réel au kWh intègre tous les postes fixes et varie fortement selon votre volume de consommation annuel
  • Chaque secteur d’activité présente des leviers d’optimisation spécifiques avec un potentiel de 15 à 20% d’économie
  • Le triphasé devient un surcoût évitable pour les TPE consommant moins de 20 000 kWh sans équipement lourd
  • Le passage au monophasé nécessite une analyse préalable rigoureuse mais offre un ROI de 8 à 12 mois dans les cas adaptés

Vers une maîtrise durable de vos charges énergétiques

La facture électrique d’une TPE n’est pas une fatalité incompressible. Derrière l’apparente complexité des lignes tarifaires se cachent des mécanismes précis qui, une fois décryptés, deviennent actionnables. Du diagnostic de votre consommation réelle à l’optimisation de votre contrat, en passant par la remise en question du triphasé lui-même, chaque levier contribue à réduire structurellement vos charges.

Cette démarche d’optimisation ne se résume pas à un ajustement ponctuel. Elle suppose un suivi régulier de vos indicateurs de consommation, une veille sur les évolutions tarifaires du marché et une capacité à remettre en question des configurations héritées qui ne correspondent plus à vos besoins actuels. Les économies potentielles justifient largement cet investissement en temps.

L’enjeu dépasse la simple réduction de coût. En maîtrisant votre profil énergétique, vous gagnez en autonomie face aux fluctuations du marché et en capacité de projection budgétaire. Cette visibilité retrouvée constitue un avantage compétitif tangible pour toute TPE confrontée à la volatilité croissante des prix de l’énergie.

Questions fréquentes sur les tarifs électricité professionnelle

Pourquoi ma facture augmente alors que ma consommation reste stable ?

L’augmentation du TURPE de 7,7% en février 2025 et la hausse de l’accise à 29,98€/MWh impactent directement votre facture, indépendamment de votre consommation. Ces composantes réglementées représentent jusqu’à 40% de votre facture totale et évoluent selon des calendriers déconnectés de votre usage réel.

Comment savoir si ma puissance souscrite est surdimensionnée ?

Si votre puissance maximale atteinte reste inférieure à 80% de votre puissance souscrite sur 12 mois, vous payez probablement trop. Consultez votre espace client Enedis pour visualiser votre courbe de charge et identifier votre pic réel de consommation, puis ajustez votre abonnement en conséquence.

Quelle est la différence entre le prix affiché au kWh et le coût réel ?

Le prix affiché ne couvre que la fourniture d’énergie, soit environ 50% de votre facture. Le coût réel intègre l’abonnement, l’acheminement et les taxes répartis sur votre consommation annuelle. Pour une TPE moyenne, il peut être supérieur de 40 à 60% au prix affiché.

Le passage du triphasé au monophasé est-il toujours rentable pour une petite TPE ?

Non, la rentabilité dépend de trois critères cumulatifs : consommation annuelle inférieure à 20 000 kWh, absence de machine nécessitant du triphasé, et puissance souscrite de 12 kVA maximum. Si ces conditions sont réunies, l’économie annuelle peut atteindre 100 à 200€ avec un retour sur investissement en moins d’un an.